vendredi 13 janvier 2017

Du « socialisme » au XXI° siècle ; le cas de l'Oasis.


Du « socialisme » au XXI° siècle ; le cas de l'Oasis.


« La vrai générosité envers l'avenir consiste à tout donner au présent » Albert Camus.

Citation de Christine Bost dans « Mag'Eysines », le magasine des Eysinais, Janvier 2017.


Samedi 29 Octobre 2016, depuis quelques jours, il y a âmes qui vivent au 5 rue Jean Tougne. En effet, d'étranges humains furtifs y logent, rompant ainsi avec quatre années de vacance.

C'est un grand jour. Le bruit a couru, des copain.e.s sont venu.e.s. On se retrouve, on démure un peu, on s’engueule. Normal, c'est une sacrée pression qui s’échappe ; avec l'affirmation du domicile, l'illégal appartient au passé, des SDF ne le sont plus.

Déjà, certains partent et d'autres arrivent. Il en sera toujours ainsi ici. Qui sont ces courageureuses qui ont osé s'affranchir d'une loi, et pourquoi ? Eux seul.e.s le savent. Je sais juste qu'illes ont eu la générosité de donner un domicile. Qu'ils et elles en soient remerciées !

Quelques jours passent au rythme des coups de masses les moins dérangeants possibles. On rencontre les voisins, la police municipale, les élues, la nationale, l'huissier... On se présente.
On s'installe vite, on s'active, tout est à refaire ici. 
Murées depuis plus de trois années, les maisons ont souffert. Du vandalisme qui a précédé aussi. Quelques tuiles changées, les vitres remplacées, un peu de chauffage, de la vie, les aiderons à se sentir mieux.

Arrivent les premiers naufragé.e.s. Car c'est ce qu'on est quand on aborde un nouveau squat, une terra incognita, inconnue mais pleine d'espérance, celle d'une situation meilleure, d'un chez soi.

Ici ont dormi, pour une nuit ou quarante, une famille albanaise, un sans-papier, une enfante d'Eysines, un ex taulard, un ex gendarme, une zadiste, un infirmier, une animatrice, un jeune couple, une petite fille avec ses grands-parents, un gosse en errance, trois voyageurs de retour du Brésil, une humanitaire, un débrouillard, un ex assureur, une rêveuse, un gitan, quelques chiens, deux chats… et j'en oublie la moitié.


Ici on fait de la réup. Ça s’appelle les « Enfants De Coluche ». On redistribue aussi. Avant, certains d'entre nous faisaient les poubelles. C'est fou ce qu'on trouve dedans, vous savez ?
Mais souvent c'est illégal. Il y a eu des condamnations et bien plus de gardes à vues de 2h du mat… pour manger ce qui était jeté !

Alors on fait ça légal maintenant, et aussi pour les autres. Et on s’arrête pas à la nourriture. On est très vite devenu une espèce de braderie permanente où les gens déposent et/ou prennent des trucs gratuitement.

Certains s'impliquent dans les tablées de la rue Sainte Catherine. L'idée était de transformer et partager ce qui allait se perdre des récups. Quelques semaines, achats, dons, partenariats plus tard, nous vous donnons RDV en face du Mac Do tous les mercredis et samedis de 20 à 22h pour partager un repas chaud.


On a une grande maison dont quatre pièces sont occupées par des familles. En bas, c'est la cuisine collective, on restaure la boisinière. La dernière pièce est celle des enfants, avec des jouets et une table, pour recevoir les dons et boire un café.

Face à l'entrée, le parc avec un bel arbre au milieu. Son ancien protecteur nous a soufflé comment le bichonner et nous l'entourons. Une tente marabout, une nuit debout, le barbylone II, des jouets d'enfant et des vélos ont remplacé le lierre qui avait tout envahi.
 

Un potager poussera au printemps, peut-être des poules, des grenouilles et plein d'idées fantastiques aussi…


C'est surtout pour cette maison que nous voulons le courant. C'est mieux pour les familles et ça facilitera les travaux.
 

Des travaux on en fait aussi sur notre maison de terre. On isole les combles et on s'essaye à l'autonomie énergétique sur 12V. On fait au feu de bois, chauffage et cuisine. C'est cool, on se sent plus proche d'un rythme naturel sans l'atome.



On bosse aussi sur les ateliers, big up aux potes pour la charpente, et sur notre future zone d’activités associatives. Pour le moment c'est plein de cartons ; venez nous aider ;-)


Celle qui ne nous aide pas, c'est la mairie « socialiste » d'Eysines en parfaite collaboration avec notre propriétaire, Bordeaux Métropole la « républicaine ».

Pourtant ce terrain nous appartient, pour un millionième, à nous toutes et tous qui habitons ce qu'est devenue la Communauté Urbaine de Bordeaux, toujours dirigée par notre bon Alain Juppé.


Non seulement la métropole veut nous déloger et porte plainte, mais elle fait également couper les câbles d'alimentation depuis la rue par ENEDIS, en présence de la police municipale et d'une adjointe au maire. Ce jour-là, à un geste près du technicien, on aurait pu être raccordé. Mise en sécurité qu'ils ont dit, un 30 novembre et après quatre ans d'inoccupation.


(Notez la sécurisations des lignes... et liannes!)

Bien-sûr, les restes des installations préexistantes sont inexploitables. Alors, on a posé une belle terre (sécurité en électricité) avec un tableau tout neuf, raccordé correctement au compteur et signé un contrat avec EDF le 19 décembre.

Un technicien est venu, a pris des photos et dit qu'on serait vite rappelé. Une semaine et quelques coups de téléphone plus tard, une équipe vient. Ils commencent à travailler et s’arrêtent sur un appel.  « On peut pas parce qu'on vient de me dire que c'est insalubre. - Pardon ??! »

Qu'a cela ne tienne ! A deux on va demander le prêt d'un compteur de chantier, à la mairie ; refus pour raisons politiques assumées. On débarque chez EDF qui finit par appeler les flics. On interroge enfin ERDF, pardon ENEDIS. Le blocage provient en fait d'un ordre oral de la mairie. 

On aurait pu brancher à la sauvage… Bon sang, on a prévu de payer en se cotisant ; assos, hébergé.e.s et soutiens. On a reçu près de 200 euros de soutien sur internet via les Ami.e.s Du Sherby ; de quoi payer quelques mois, merci!



Les autorités et collectivités territoriales sont garantes, pour tout domicile, de l'accès à l’énergie et non de son empêchement. Décideurs, s'il vous plaît, respectez la Loi.


Êtes vous fiers de votre bilan quand il y a un peu plus de 1000 places d'accueil d'urgence pour 5000 Sans Domicile Fixe devant bien plus encore de chambres vides dans la métropole?

M. Dartout, monsieur le préfet, chevalier de la légion d'honneur, allez-vous réquisitionner au lieu d'expulser ?

M. Juppé, maire de Bordeaux, président de Bordeaux Métropole, allez-vous ouvrir toutes ces maisons préemptées au lieu de continuer à fermer les yeux sur les nécessités ?
Mme. Bost, maire d'Eysines, conseillère départementale de Gironde, allez-vous nous aider à aider au lieu de laisser les familles grelotter devant votre mairie ? 
 

Nous avons seulement besoin d'un OUI du bon coté. Cela coûterait tellement moins à tous…

Le juge, lui, rendra son verdict le 2 Février. On a demandé un an. Ce soir on fait une auberge espagnole, rencontrons-Nous.


« Ce n'est pas à nos gouvernements de nous dire comment être solidaires. C'est à nous de leur montrer la société que nous voulons »

L'Abbé Pierre.


A l'Oasis, lieu autogéré solidaire et social.

 Le 13 Janvier 2017, jour du procès, pleine lune et un jour.


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Bus 5 Eysines centre a coté de la Poste - oasis.eysines @gmail.com

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